Le Secteur Fortifié de MAUBEUGE (SFM)
Partie intégrante de la 1ère Région Militaire (Lille), le Secteur Fortifié de
Maubeuge est situé au sud du Département du Nord. Ses limites sont à l'ouest le
village de Wargnies le Petit (15 km E.S.E. de Valenceinnes - Carte Michelin
n°53, pli 5) et à l'est le carrefour Holstein, au coeur de la forêt de Trélon (5
km N.E de Trélon - Carte Michelin n°53, pli 6).
Le Secteur Fortifié de MAUBEUGE
Compris entre le Secteur Fortifié de l'Escaut et le secteur Défensif Aisne -
Ardennes, il longe la frontière belge sur plus de 60 km.
Il est divisé en deux sous-secteurs : à l'est, celui de la Thiérache: entre
la Forêt de Trélon et Vieux-Reng (exclu), et à l'ouest, celui du Hainaut : de
Vieux-Reng à Wargnies le Petit.
Il a le triste privilège de se trouver sur un couloir d'invasion formé par la
vallée de la Sambre et utilisé à maintes reprises pour envahir notre pays.
Ainsi y trouve-t-on des champs de batailles célèbres:
- Malplaquet en 1709: le Duc de Villars, Maréchal de France, inflige
au Duc de Marlborough et au Prince Eugène de Savoie-Carignan des pertes sévères
qui arrêtent l'invasion,
- Wattignies en 1793: les générauxCarnot et Jourdan y remportent une
victoire sur les Autrichiens, qui permet de débloquer Maubeuge assiégée,
- Maubeuge en 1914: la résistance de la Place, du 25 août au 8
septembre, immobilisa 3 divisions et une puissante artillerie allemandes,
contribuant ainsi à la victoire de la Marne.
En
outre, la rectification de la frontière, conséquence du second traité de Paris
(20 novembre 1815), avec la perte de Bouillon, Mariembourg et Philippeville,
crée de nouveaux axes de pénétrations éventuelles par les vallées de trois
affluents de la Sambre, la Thure, l'Helpe Majeure et l'Helpe Mineure, ainsi que
deux saillants dangereux, le premier à la Flamengrie au nord-Ouest de Bavay et
le second à Ohain-Momignies au Sud-Est de Trélon.
Antécédents
La
construction des fortifications à la frontière franco-belge n'a jamais été aussi
facile. Tout comme Vauban, le général Séré de Rivières en fait l'expérience
après la guerre de 1870-1871.
L'annexion de l'Alsace-Lorraine, due à la défaite, entraîne la
restructuration de notre système fortifié, et c'est tout naturellement la
frontière en contact direct avec l'ennemi potentiel qui est prioritaire. C'est
ainsi que l'Est bénéficie de la construction de 4 ensembles fortifiés:Belfort,
epinal, Toul et Verdun.
La frontière franco-belge, où l'urgence est estimée moindre, doit attendre
le second rapport du Directeur du Génie, en 1876, pour obtenir la construction
de 17 forts :
- 2 à Dunkerque (Leffrinckoucke, Petite Synthe),
- 6 à Lille (Bondues, Englos, Mons-en-Baroeul, Sainghin, Seclin
et Vert Galant),
- 3 à Valenciennes (Curgies, Flines les Mortagnes et Maulde),
- 6 à Maubeuge (Boudiau, Boussois, Cerfontaine, Hautmont, Leveau
et Sarts) auxquels il faut ajouter 6 ouvrages intermédiaires en maçonnerie (Bersillies,
Buots-Feignies, Ferrière la Petite, Grévaux, Héronfontaine, Salmagne) sans
oublier la Batterie de Rocq, simple parapet avec de mauvais abris en maçonnerie.
Le coût de cet ensemble s'élève à 126 millions de francs-or (430 millions
d'euros); le rapport efficacité-prix se révèle franchement négatif puisque en
1914 :
- Dunkerque ne subit aucun assaut, le front se stabilisant en
Flandres dans la région Ypres-Nieuport,
- Lille et Valenciennes sont abandonnées sans combattre,
- Maubeuge doit faire face aux assauts allemands; ses forts
succombent après 15 jours de siège dont 14 de bombardement, sous les projectiles
énormes employés par l'artillerie de siège austro-allemande (mortiers de 305 et
de 420), ignorés de notre service de renseignements et de l'Etat-Major. Ces
bombardements continuels causent bien entendu de nombreuses victimes parmi les
effectifs des ouvrages (des corps sont encore ensevelis dans les ruines des
forts, notamment au fort de Leveau).